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lundi 3 février 2014

Cycle Sidney Lumet / Sean Connery, CCC Centre culturel cinématographique, le 5 et 12 février 2014

Mercredi 5 février 2014 à 20h La colline des hommes perdus
(The Hill, Sidney Lumet, USA - 1965)
Salle Juliet Berto - Grenoble

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La Colline des hommes perdus est très représentatif du cinéma de Sidney Lumet et de ses thématiques fétiches. Dans plusieurs de ses films, le réalisateur met en scène la confrontation, souvent extrêmement tendue, entre un ou plusieurs individus au sein d'un système plus ou moins perverti et déséquilibré. Dans l'étonnement visionnaire Network, il s'agit de la télévision ; dans Serpico et Le Prince de New York, de la police ; dans Douze hommes en colère, son premier film, de la justice. Ici, il s'agit de l'armée.[...]
La trame de La Colline des hommes perdus repose donc sur les rapports entre les prisonniers et les militaires qui dirigent le camp; rapports que Sidney Lumet met en scène dans un quasi huis clos, avec une inventivité et une efficacité qui renforcent le propos et permettent en outre d'échapper au piège du « théâtre filmé ».[...]
Le metteur en scène utilise ainsi plusieurs effets de réalisation pour exprimer l'enfermement, la sensation d'étouffement, le vertige, la tension, voire la folie ambiante. Utilisation fréquente de gros plans ; caméra subjective représentant le point de vue des prisonniers ; découpage parfois très prononcé, comme lorsque Roberts se rend à la pseudo visite médicale. Dans cette très courte séquence s'enchaînent en effet six ou sept plans montrant successivement Roberts, Williams et Wilson ; montage préfigurant clairement les relations conflictuelles qui vont se développer entre ces trois personnages. A plusieurs reprises, Lumet exprime les différents rapports de pouvoir par sa manière de positionner la caméra : dans l'une des premières scènes, il cadre intelligemment Harry Andrews en contreplongée pour montrer sa position dominante au sein du camp. Il fera d'ailleurs exactement l'inverse vers la fin du film, cadrant le même personnage en plongée à un moment où son influence est mise à mal. Cette prise de vue en contreplongée exprime son pouvoir et son autorité.
Parallèlement, Lumet exprime l'impact et la violence de Williams en le faisant surgir brusquement dans le champ, ou encore en le cadrant en premier plan, son visage dévorant littéralement l'image – ce qui ne manque pas d'exprimer le pouvoir nuisible qu'il représente. Le réalisateur fait ainsi preuve d'une grande habileté dans sa manière de souligner, à travers les angles de vue et le montage, les rapports entre les différents personnages et leurs évolutions au cours du film.

Mercredi 12 février 2014 à 20h The Offence
(Sidney Lumet, USA - 1972)
Salle Juliet Berto - Grenoble

LumetConneryOffence.jpg

The Offence est peut-être le premier grand film de Sidney Lumet. Certes, il a déjà plus de vingt ans de carrière comme réalisateur. Certes, il a signé quelques films marquants comme Douze hommes en colère, L'Homme à la peau de serpent ou La Colline des hommes perdus. Mais malgré ses évidentes qualités de cinéaste, c'est avec ce film que son style se déploie véritablement et que ses thématiques d'auteur se cristallisent. C'est après ce film qu'il va enchaîner ses chefs-d'œuvre : Serpico (la même année), Un après midi de chien, Network, Le Prince de New York... Pourtant, paradoxalement, ce projet n'est pas le sien. C'est Sean Connery (qui a déjà tourné deux fois pour Lumet dans La Colline des hommes perdus et Le Gang Anderson) qui en est l'instigateur. Bien conscient du danger de se laisser enfermer dans le rôle de James Bond, il n'a de cesse de chercher dans le cinéma indépendant ou chez des auteurs confirmés des espaces de liberté : La Colline des hommes perdus (1965) donc, mais aussi Marnie (Hitchcock, 1964) ou encore The Molly Maguires (Martin Ritt, 1970). [...]
C'est peu dire que Sean Connery se révèle époustouflant dans le rôle d'un policier hanté par vingt années de plongée en apnée dans le monde du crime. L'acteur a souvent déclaré que l'inspecteur Johnson était son meilleur rôle et, si l'acteur a par ailleurs très souvent montré l'étendue de son talent, on est tenté d'abonder dans son sens tant sa prestation toute en tension, en douleur intérieure, en fêlure, est proprement hallucinante.

Le site du CCC

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